Le modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse (Emmanuelle WARGON)
L'annonce a fait l'effet d'une bombe :
Le modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse
Source Le Point Jeudi 14 octobre 2021, dans un discours, la ministre a déclaré que les maisons individuelles « ce rêve construit pour les Français dans les années 1970 », « ce modèle d’urbanisation qui dépend de la voiture pour les relier », sont un « non-sens écologique, économique et social ». « Le modèle du pavillon avec jardin n’est pas soutenable et nous mène à une impasse ».
Dès vendredi, haro sur la Ministre, qui sous la pression des experts - les réseaux sociaux et les chaînes d'info en continu - doit « rétropédaler » et préciser ses éléments de langage.
La réaction viscérale de nombreux professionnels n'est pas sans rappeler une scène bien connue du filme culte : « Les Tontons Flingueurs »
En France - celle issue des trente glorieuses - on ne touche pas à la sacro-sainte maison individuelle, au risque de passer au pilori de la « vindicte immobilière ».
Derrière le rêve du français de la classe moyenne, se cache un business model bien éprouvé et qui perdure depuis près de 70 ans !
Alors Non, la maison individuelle et son modèle de densification - le lotissement - pas touche !
Dans la France des années 50, le modèle d'urbanisation de la maison individuelle s'entend et se défend. Il y a de la place pour tout le monde. En 2021, c'est plus compliqué
Le but du propos n'est pas d'incriminer la maison individuelle et le lotissement, mais de mettre les choses en perspectives.
Comme tout mode d'organisation et de gestion de l'espace, ils ont leurs forces et leurs faiblesses. Toutefois, une faiblesse est aujourd'hui particulièrement handicapante, notamment en zone tendue : notre territoire qui est fini (à savoir qu'il n'est pas sujet à des évolutions physiques et géographiques) semble de moins en moins capable d'absorber la consommation foncière liée à la constructions des maisons individuelles.
A titre d'illustration, quatre cartes qui mettent en exergue l'emprise au sol des constructions bâties avant 1950 (bleu) et celle des constructions édifiées après 1950 (en rouge) sur les principales agglomérations / communes de la Savoie (73 et 74) :
Source : Cadastre
Sous cet angle, la question n'est pas de savoir si Emmanuelle WARGON a tort ou raison, elle est de savoir si le modèle d'urbanisation et son économie que nous aimons tant sont compatibles avec l'état de notre environnement et les défis auxquels nous devons faire face, avec le premier d'entre eux, le changement climatique.
L'évolution de notre climat a dès à présent des impacts sur notre société et notre immobilier.
À l'heure des réseaux sociaux et de leur exigence d'immédiateté, la réflexion et la prospective imposent une prise de recul et de temps qui semblent peu compatibles.
Le problème auquel nous faisons face est simple :
Emmanuelle WARGON a raison. Nous refusons de l'admettre, faute de disposer d'une solution.
Pour garantir la pérennité de nos sociétés et le modèle de la maison individuelle, il ne nous reste plus qu'à trouver une solution !
Pour ce faire, nous aurons besoin de tous les professionnels et décideurs politiques compétents... et de bonne volonté.